Passer 10 jours en Irlande ne fait pas rêver tout le monde, certes. On s'imagine que le temps y est mauvais (il faut dire que la pluie n'est pas qu'une simple légende), et les paysages ennuyeux. Ce à quoi je réponds : nenni mes amis !
Certes, il semblerait que mon amie K-Kill et moi ayons été chanceuses (le beau temps était souvent au rendez-vous), mais surtout les paysages y sont apaisants, reposants, et non, ce ne sont pas toujours les mêmes, selon que l'on se trouve sur la côte ou plutôt dans les terres (à éviter : pour le coup l'intérieur de l'Irlande m'a paru soporifique), au sud-ouest ou au nord-ouest.
Je partais aussi avec un gros atout : K-Kill connaît déjà bien le pays et avait une idée de ce qui était intéressant à voir, ce qui a grandement facilité l'élaboration de notre circuit. Et comme nous avions déjà voyagé ensemble dans le Western Australie, nous savions plus ou moins toutes les deux ce dont nous avions envie : prendre le temps, rencontrer des gens au gré des occasions (rares, mais non moins sympathiques), papoter, randonner, faire du cheval, se reposer (bon, pour ça c'est raté puisqu'on a pas mal bougé tout de même !), bouquiner, bref ! Tout un programme.
Et c'est ainsi que nous avons commencé notre roadtrip à Cork, histoire d'y claquer la bise à une amie et d'entamer notre voyage en douceur.
Quelques façades colorées pour contraster avec la grisaille du temps.
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Comme université, on a vu plus grandiose certes (comme Oxford ou Cambridge), mais on a vu plus moche ! |
Un "quatre heure" des plus réconfortants |
Après cet épisode urbain, nous avons réellement commencé notre voyage, direction Dingle (Dingle Peninsula, County Kerry). Devant ces décors magiques, j'ai très sérieusement songé à venir m'installer et ouvrir un club d'ULM/parapente (en plus il n'y en a pas, ou du moins je n'en ai pas vu, c'est donc qu'il y a un créneau à prendre ! Ou bien que les risques sont bien trop importants...) !
Oui oui, ceci est bien une méduse. Mortelle. Et les gens se baignent à quelques mètres de là. Normal. |
Après deux jours passés dans ce petit coin de paradis (non sans être passées voir l'école qui servit de décors au film "Ryan's daughter", de David Lean du côté de Dunquin, nous avons pris la direction de Kilfenora (Burren / County Clare).
L'une des plages où le film "Ryan's daughter" (David Lean) a été tourné. |
Et la fameuse école |
Kilfenora est réputée pour sa tradition musicale, et a l'avantage d'attirer moins de touristes que Doolin, sur la côte. Tant et si bien que la gérante du seul hostel de ce
Notez une information fort intéressante : il y a dans cette région un village dénommé Lisdoonvarna, qui a l'excellente idée d'organiser tous les ans, en septembre, un festival des célibataires (tout à fait). On se l'est noté pour l'année prochaine, au cas où !
Le lendemain, nous avons goûté au temps irlandais. C'est là que j'ai grandement regretté de ne pas avoir de pantalon de pluie, contrairement à K-Kill. Bien entendu, c'est le jour où nous sommes allées aux Cliffs of Moher qui, par temps couvert, manquent cruellement de charme. Qu'à cela ne tienne, nous y sommes tout de même allées, et avons marché le long des pâturages où paissaient, impassibles, vaches et moutons.
Je tiens à faire ici une parenthèse sur mes talents d'imitatrice d'animaux. Si si, j'insiste.
Lorsque nous étions à Cork, mon amie Anaïs nous a fait passer par des rues reculées, et infestées de chats errants. Prise d'une envie d'en attirer un ou deux pour jouer (rien à craindre, je suis immunisée contre tout un tas de saletés), j'ai tenté un miaulement. Imitation que j'ai trouvée particulièrement réussie, d'autant que j'avais fait l'effort de faire le miaulement du chaton de bonne famille, et non celui d'un vulgaire chat de gouttière. Mes amies n'y ont vu qu'une prestation ratée, ou, à la limite, celle d'un chat thaïlandais malade (là, je me suis dit que le monde n'était pas prêt pour mon talent). Heureusement, je me suis rattrapée avec mes bêlements, forts réussis et portant même parfois à confusion (K-Kill s'est retournée une fois sur un mouton, en pensant que c'était moi. Plutôt flatteur.).
Fermons-là la parenthèse.
Après les Cliffs of Moher et le Burren sous une pluie dense, nous avons rejoint Galway (county Galway). L'endroit nous a paru d'autant plus grand que depuis quelques jours, nous voyions plus de verdure et de maisons éparses que de villes. Nous en avons donc profité pour déambuler dans les rues, animées comme peut l'être Dublin par des performances musicales (je crois même qu'on a croisé la relève des frères Hanson !) et faire un arrêt à Penneys (oui bon ben on ne se refait pas !), avant de nous offrir... un fish'n chips, puis d'aller boire un gorgeon ou deux dans un pub. Mais notre activité favorite a été d'observer les tenues (et surtout les chapeaux) des Irlandaises, en cette semaine des Galway races. Nos roommates nous ont en effet expliqué pourquoi de nombreuses femmes étaient apprêtées dans les rues, et portaient des chapeaux tous plus farfelus les uns que les autres : ces courses sont l'un des évènements principaux de l'année et attirent, semble-t-il, des Irlandais de tout le pays puisque nos co-chambrières venaient de la banlieue de Dublin (et avaient un accent si fort que j'ai cru qu'elle parlaient une autre langue !).
Le lendemain, nous quittions de nouveau la civilisation pour retrouver les grands espaces et la nature, direction Letterfrack où nous sommes restées deux jours, et avons pris le temps de vivre. Des discussions au coin du feu de tourbe avec d'autres voyageurs venus du Canada, des Etats-Unis, d'Italie, de Suisse voire d'Irlande, des pauses lectrues une tasse de thé chaud au creux des mains, des petits-déjeuners avec porridge et soda bread au menu, des couettes épaisses, un coin douches au décors disco avec musique classique, des livres dans chaque pièces : nous étions comme dans un cocon dans cet ancien monastère, flanqué aux pieds de la Diamond Hill.
Diamon Hill en haut de laquelle nous sommes d'ailleurs montées, faisant fi du vent et de la pluie sporadique. Eh bien ça n'a pas été sans mal, pour moi du moins ! Je manque clairement d'entraînement (ce n'est pas une heure de danse africaine par semaine qui donne une bonne condition physique !). Donc résolution de la rentrée (sur un air de "résolutions de janvier") : cette année, je fais 4h de sport par semaine. Bien.
Cela dit, nous sommes bel et bien arrivées au sommet, avec une vue superbe, mais sommes redescendues très rapidement, le vent étant relativement fort et la pluie, comment dire... humide (je rappelle que je n'avais pas de pantalon de pluie).
Etape suivante : Westport (County Mayo). Nous n'y sommes restées qu'une nuit, et avons donc dû choisir entre explorer la région (ce que nous avons fait) ou la ville qui, selon K-Kill, ne manque pas de charme. Nous avons donc préféré aller jusqu'à Achill Island, accessible en voiture. Après la Dingle Peninsula, c'est l'endroit que j'ai préféré en Irlande : les paysages y sont splendides ! C'est là que nous avons choisi de faire du cheval. Ce qui mérite une nouvelle parenthèse.
Je ne raconterai pas toute l'anecdote (on a sa fierté !), mais un conseil : si vous décidez de faire de l'équitation en Irlande, ne dites SURTOUT PAS que vous avez un niveau de débutant alors que vous avez déjà pris 2-3 cours. Oui parce qu'en France, si on indique qu'on est relativement à l'aise, on se retrouve à faire du galop, le coeur au bord de l'explosion et le pied hors de l'étrier. Alors qu'en Irlande, apparemment, cela permet tout simplement d'aller sans avoir un moniteur au bout de ses rênes. Voire d'avoir un vrai cheval, et non un "half-a-horse, half-a-poney, but he's a real Irish one". Soit.
K-Kill et moi avons donc chevauché, casque au vent, dans la lande irlandaise, l'une sur un fier destrier irlandais mais fort peu nerveux (On aurait pu l'entendre s'écrier "Oula ! Attends on va prendre le temps pour passer ce filet d'eau, on va pas sauter non plus !"), l'autre sur un mi-cheval/mi-poney, avec chacune l'impression d'un gag...
Parenthèse fermée.
Du côté de Mulranny (dont il est question dans "Les gens heureux lisent et boivent du café, d'Agnès Martin-Lugand). |
Puis est venu Pollatomish. C'est un endroit qui manque certainement de charme une fois les jours ternes, mais sous le soleil, c'est magnifique. Nous y avons d'ailleurs fait notre plus belle randonnée. Là, le long des falaises, nous avons marché parmi les moutons (j'ai d'ailleurs pu observer que les moutons noirs me comprenaient moins bien que les moutons blancs - rapport à mes imitations si vous avez suivi l'histoire depuis le début), parfois dans la boue, parfois sur des murets de terre et, très souvent, l'océan sur notre gauche. Nous sommes rentrées fourbues, mais enchantées d'achever ainsi notre voyage, car nous quittions l'Irlande le lendemain.