samedi 22 mai 2010

Petit tour en Asie du sud-est : la Thaïlande


21 janvier 2010, nous voilà donc à Bangkok, en Thaïlande. 
Les dernières semaines ayant été bien remplies (peut-être un peu trop ?), nous sommes arrivées fatiguées mais les yeux écarquillés face à ce retour au capitalisme. C'est qu'après un mois au Vietnam, nous nous étions déjà déshabituées !

Nous avons passé les deux premiers jours en dehors de Bangkok. D'abord à Damnoen Saduak où nous avons visité le marché flottant, puis à Nakhon Pathom, à la découverte de nos premiers temples thaïs.




Nakhon Pathom

Puis nous sommes allées à la découverte de Bangkok, enfin. 

Le plus facile étant d'aller directement à Khao San, le quartier des backpackers, nous avons commis l'erreur d'y prendre une chambre en plein coeur. Nous qui pensions pouvoir pioncer tranquillement : queudal ! C'était sans compter les bars et boîtes qui faisaient une compétition de volume sonore dans la rue ! Le lendemain on a trouvé une autre auberge de jeunesse, un peu plus calme.

Les jours suivants ont été consacrés à une découverte tranquille de la ville et de ses temples, si différents de ceux que nous avions vus jusqu'à présent au Vietnam.

Et puis nous nous sommes laissé tenter par quelques jours au soleil... Quelques jours pour se remettre de la course au Vietnam, buller et surtout PRENDRE LE TEMPS. Après quelques recherches, nous nous sommes décidées pour Phuket (prononcer "Pouquète") qui semblait être un bon compromis budget/plages. Histoire d'être bien sûres que c'était une bonne idée et de demander conseil pour les auberges de jeunesse, nous sommes allées nous renseigner à l'office de tourisme... et sommes finalement ressorties toutes contentes avec notre séjour en Thaïlande intégralement organisé : il nous suffisait d'être à l'endroit indiqué à l'heure indiquée, et on nous menait à destination. Le pied pensions-nous, puisque dorénavant nous n'avions plus à réfléchir au transport ni au logement (ce qui peut parfois être un vrai casse-tête) : tout était pré-mâché ! Quant aux activités touristiques/sites à visiter, certaines étaient déjà inclues dans le parcours, mais le reste était à décider sur place.

Bref, sur le moment tout ceci nous a paru être une bonne chose. Et surtout, la perspective de nous dorer les fesses à Phuket quelques jours plus tard était bien agréable !

Je crois que c'est ce soir-là que nous sommes allées à une rencontre de couchsurfers dans le centre ville (pour ceux qui ne connaissent pas le principe du couchsurfing, tout est ici. N'hésitez pas à jeter un oeil !). C'est là que nous avons rencontré Elise, une petite louloute de 21 ans qui a décidé de partir un an à la découverte du théâtre et de ses traditions en Asie du Sud-Est, faisant ainsi une parenthèse dans ses études. La fille pas du tout intéressante en somme ! Bref, nous avons passé la soirée à papoter dans tous les sens, à la regarder avec curiosité et un brin d'envie devant son courage et son culot, que vous pouvez lire sur son blog Didascalies et bol de riz si vous en avez envie.

Une chouette soirée pleine de rencontres dont nous sommes rentrées avec de nouvelles idées de voyage pour plus tard, des projets plein la tête. C'est aussi ça, voyager : discuter avec d'autres bourlingueurs qui ne font qu'accroître votre envie de continuer à aller voir ailleurs.


Après avoir découvert un peu Bangkok et ses sites touristiques, et passé quelques soirées avec Elise et d'autres personnes rencontrées ici et là, nous avons enfin pris l'avion pour Phuket, un large sourire niais aux lèvres.

Comme tout était arrangé, nous n'avons pas eu besoin de nous mettre un quête d'un taxi  à l'arrivée : il nous attendait à la sortie de l'aéroport. Royal !

Direction Phuket Town donc, où l'office de tourisme nous avait réservé une chambre comme nous l'avions demandé. C'était un peu loin de la plage selon la carte, certes, mais vu les prix pratiqués ailleurs ça semblait être un bon choix.

Quelle ne fut pas notre suprise lorsqu'arrivées à l'hôtel, la réceptionniste nous a indiqué que la plage se situait à quelques mètres de là : nous qui pensions qu'il n'y avait qu'un port, nous étions ravies !

La matinée a été consacrée à un lézardage en bonne et due forme, avant de faire une grosse sieste une fois de retour dans notre chambre (il faisait bien trop chaud sur la plage). Et en fin de journée, apéro avec le coucher de soleil. Le pied...

Le lendemain, nous avons testé le fameux massage thaïlandais... perso, j'ai vécu un enfer, et je ne comprends pas tous ces gens qui s'émeuvent rien qu'en entendant le mot "massage thaï". Non mais sérieusement : ce massage consiste à vous tirer dans tous les sens, vous appuyer partout et SURTOUT là où ça fait mal, vous chatouiller les pieds, vous faire craquer toutes les articulations possibles et imaginables, et vous casser le dos en pensant que vous êtes hyper ultra méga souple alors qu'en fait pas du tout. Quand ça s'est terminée je me suis sentie bien, mais je pense sincèrement qu'en réalité j'étais dans un état de soulagement, et non de bien-être. Camille a bien aimé, sans forcément être une grande fan non plus.

Conclusion : à essayer puisque tout le monde ne réagit pas de la même manière, mais pour moi c'est terminé, finito ! La prochaine fois je me ferai faire un massage énergétique plutôt, plus de session de torture.

Un ou deux jours plus tard, nous avons décidé d'aller bronzer sur une plage un peu moins touristique, histoire d'éviter le paysage blindé de parasols, de bateaux et autres jetskis comme à Phuket Town. Pour cela, il fallait prendre un tuck-tuck (mini camionnette colorée) et se diriger vers la côte ouest, alors que nous étions à l'est. Nous qui pensions que le trajet serait long et un peu cher, nous avons été agréablement surprises puisqu'en 1/2 heure nous étions rendues. Formidable ! Bon, la plage m'a un peu déçue puisqu'elle n'était pas déserte du tout (pour ça, sachez qu'il vaut mieux aller sur les îles à l'est plutôt que de venir à Phuket), mais les couleurs étaient magnifiques. Nous y avons donc passé une grosse partie de la journée, entre bouquinage, sieste et baignade.



Phuket - session plage

Quand nous avons voulu rentrer à l'hôtel, les chauffeurs de tuk-tuk étaient bizarrement plus exigeants qu'à l'aller. Mais nous n'allions pas nous faire avoir : hors de question de payer le double de la course voyons !

Nous avons donc réussi à partager un tuk-tuk avec des Corses, qui venaient eux aussi de passer la journée à la plage. De jeunes quinquagénaires avec qui nous avons discuté le temps du trajet. Eux étaient basés à Patong, à l'ouest de l'île. Ils nous racontaient comme la ville était blindée de prostiputes, ce à quoi nous répondions qu'à Phuket Town (où nous étions) c'était relativement tranquille. Camille s'est même emballée en disant qu'il y avait peu de filles de joie dans le coin où nous étions (depuis elle s'est ravisée). Bref, la conversation tournait autour des impressions des uns et des autres sur l'île, avec un joyeux accent du sud pour ces messieurs ce qui, personnellement, m'a donné de sérieuses envies de fromage corse (mais je m'égare...).

Nous sommes donc finalement arrivés à Patong, et après avoir dit au revoir à nos Corses nous avons décidé de prendre un verre devant le coucher de soleil, histoire de nous remettre de toutes ces émotions.

Phuket - coucher de soleil

Puis est venu le moment de rentrer... la question était de trouver comment, vu que les bus ne circulaient plus à cette heure-là. Le barman a donc appelé un de ses potes taxi-driver. Et lorsque nous luis avons donné notre adresse (après lui avoir expliqué que nous devions nous rendre à Phuket Town, soit de l'autre côté de l'île), il nous a regardées avec de grands yeux ronds et vides d'expression (type dans Mr Fox), avant d'articuler : "Mais votre hôtel se trouve à 500 mètres d'ici !?
Nous (perplexes) : - Non mais non ! On loge à Phuket Town, pas à Patong !
Lui : - Si si, je vous assure, vous êtes juste à côté." Et de nous indiquer le chemin...

Et en effet, on a très vite reconnu la plage où nous avions lézardé le premier jour, puis le chemin qui va de l'hôtel à la plage... Je ne saurai décrire le fou rire qui nous a prises et tenues toute la soirée, mais ça a été un grand moment (de solitude) !! Non parce que franchement, il fallait le faire : croire pendant 3 JOURS que nous étions à Phuket Town (à l'est), alors que nous étions à Patong (à l'ouest) !! Tout un tas d'indices auraient dû nous mettre ne serait-ce que la puce à l'oreille :
- le fait qu'il y ait écrit "Patong" partout (mais non, nous on s'est seulement dit : "Tiens c'est drôle, il y a deux Patong sur l'île de Phuket !"
- le fait d'avoir la plage alors qu'on était censées être près d'un port
- le coucher de soleil... c'est vrai qu'un coucher de soleil à l'est, c'est assez exceptionnel mais superbe. Je vous le recommande. Dites-vous seulement que dans ce cas-là il y a baleine sous grain de sable et quevous n'êtes pas là où vous croyez
- le coût de la course pour aller à la plage puis en revenir (la différence était vraiment énorme)

Bref, on avait laissé nos cerveaux dans l'avion hein, voilà voilà. Gniiiiiii !!

Dans le même genre, en se baladant dans les rues de Patong (cette fois on savait où on était), j'ai failli m'exclamer en voyant l'enseigne d'un restau italien : "Mais qu'est-ce qu'une pagode fiche sur le visuel d'un restau italien ???". Je me suis gardée de le dire tout de suite à Camille, réalisant que ce n'était bien entendu pas une pagode mais la Tour de Pise...


Après être rentrées de Phuket, nous sommes allées à Kantchanaburi (là ou se trouve le fameux pont de la rivière Kwaï, à l'ouest du pays), avant d'aller visiter les temples d'Ayuthaya, au nord de Bangkok.


 Kantchanaburi - Le pont de la rivière Kwai

Le moyen le plus simple pour visiter les temples à Ayuthaya est de louer des vélos (notre hôtel en proposait, comme beaucoup d'autres j'imagine). Munies d'un plan et nos appareils photos donc, nous nous sommes baladées à travers les ruines... des moments magiques. 



Ayuthaya - visite de temples



Seul bémol peut-être : nous avons fait le choix de faire ce circuit toutes seules, ce qui était agréable puisque nous étions autonomes, mais des explications de temps à autres m'auraient aidée à mieux assimiler l'histoire de ces sites. Vous me direz : les guides servent aussi à ça. Oui sauf que je pense avoir une mauvaise mémoire visuelle, et que je trouve ça beaucoup plus sympa quand on me raconte une histoire. Après, chacun son truc !

Ah oui ! Et à vélo il faut bien sûr fait très attention. Non pas aux voitures (il y en a très peu sur le circuit), mais aux éléphants qui transportent les touristes !!
 

L'étape qui suivait Ayuthaya était Sukhothaï, un peu plus au nord de la Thaïlande. Un lieu très connu pour ses temples (comme beaucoup d'autres en Thaïlande me direz-vous, à juste titre). Sauf que nous des temples, on en avait déjà visité pas mal, et au risque de vous faire bondir devant votre écran : rien ne ressemble plus à un temple qu'un autre temple... Non en vrai, si on a très peu visité cette fois-ci, c'est que plus ça allait, plus le sommeil manquait cruellement. Les bienfaits de Phuket avaient déjà disparu dans les divers trajets en bus ou en train, les levers aux aubes radieuses ou les mauvais lits qui vous cassent le dos en deux. Et puis comme je suis une petite princesse, j'ai du mal à dormir avec quelqu'un d'autre dans un même lit (enfin, ça dépend bien entendu...). Autre cause de mauvaises nuits donc.

Arrivées à Sukhothaï, nous avons pris le temps de prendre le temps. En plus l'office de tourisme nous avait réservé un super petit bungalow dans un hôtel tout calme, c'était (presque) parfait !

Et c'est dans cette atmosphère que nous avons fait la connaissance de Valeria et Isis, puis de James.

Valeria et Isis sont deux Brésiliennes, venues en Asie du Sud-Est pour réaliser un documentaire (je ne sais plus à quel sujet...). Isis est styliste, mais a décidé de suivre Valeria dans cette aventure lorsqu'elle le lui a proposé. Valeria quant à elle a plusieurs vies. Je ne sais pas comment elle arrive à gérer toutes ces activités, mais cette magnifique jeune femme est mannequin, directrice d'une agence de mannequins, photographe, pilote de course automobile, et journaliste. Et hyperactive, cela va de soi. Autant vous dire qu'elle nous a éblouies en nous racontant un peu sa vie !

Puis nous avons rencontré James, un Français. Qui a eu un beau coup de foudre pour Isis (ça, c'était pour l'anecdote). James, c'est le mec hyper à la cool. relax, tranquille-no stress man!. Celui qui en pleine conversation va sortir sa gratte pour se mettre à chanter du blues avec une voix de black (et pas mal du tout d'ailleurs !). Peut-être un brin trop sûr de lui, mais surprenant,et surtout : apaisant. Le genre à avoir sa petite astuce "zen" pour visiter des temples :

Lui : - Tu vois, faut pas faire comme tous ces touristes. Eux ils sont stressés, ils courent tout le temps. Mais ils courent pourquoi ? C'est quoi le but ? Non, t'es là pour voir des temples, mais il faut ressentir les émotions de l'endroit. Pas courir pour essayer de voir un max de choses tu vois ? Par exemple moi hier, je suis allé me baladé tranquilou, et je me suis posé au milieu d'un temple tu vois (il se met en tailleur, indiquant que c'est comme ça qu'il s'était installé dans le temple). Et là (inspiration/expiration) : BAM ! Tu vois t'as tout qui te vient là quoi, c'est incroyable ! Tu ressens vraiment les ondes tu vois, BAM !
Nous : - Ah ouais ouais ouais hhhouais...
Lui : - Ouais : BAM !

Depuis quand on parle de lui, on l'appelle "Bam". Ca lui est resté.

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 Sukhothai

L'une de nos conversations nous a amenés à parler justement du stress ressenti dans certaines situations, même si on sait pertinemment que ça ne sert à rien. Enfin, c'est peut-être plus de l'impatience (importée des pays occidentaux).

Exemple au Vietnam  (je sais, on est censés être en Thaïlande mais je vous la raconte quand même)
Au téléphone, en train de réserver une chambre pour la prochaine étape.
Anne : - Do you need my name to write in the register? (avec un bon accent français, sinon c'est pas la peine)
Le réceptionniste : - My name is Phuc.
Anne : - OK, nice to meet you Phuc, my name is Anne.
Le réceptionniste : - My name is Phuc.
Anne : - Yes, I understand, but MY name is Anne. A-N-N-E!
Le réceptionniste : - ..., no, my name is Phuc.
Anne : (Oh putain !!!)

Camille, qui était à côté de moi, a beaucoup rit pendant cette conversation.

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Bref, nous parlions de ce genre de situation quand "Bam" nous a dit, calmement : "Ah non mais les filles vous allez voir, au Laos c'est "zen-attitude" chez tout le monde ! Pas la peine d'être pressé là-bas, rien n'ira vite. Faut être patient là-bas !"
Anne : "Oh putaiiiiin...." (sous-entendu : ça peut quand même pas être pire que ce qu'on a vu jusqu'à présent ?)

Je sais. Touriste de base stressée de la vie. Mais je me soigne !


Après Sukhothaï, nous sommes parties pour Chiang Mai, tout au nord. Faire un trek de 3 jours.

Alors, je me dois ici de préciser certaines choses. Comme l'idée de faire ce trek de 3 jours. A la base, je ne voulais pas partir dans la jungle aussi longtemps. Je me connais, je sais que je ne suis pas une grande marcheuse (interdiction de rire vous là-bas !), même si j'apprécie beaucoup d'être en pleine nature, de voir des choses que j'aurais raté autrement, etc. Mais bon 3 jours ?!? Finalement, Camille a réussi à me convaincre, moitié en me flattant ("Nan mais tu rigoles ! T'as un niveau correct, regarde la marche à Sapa, ça s'est hyper bien passé, et t'en as fait d'autres en Australie !"), moitié en me démontrant que ça nous permettrait de voir tout plein de choses. Donc j'ai dit banco.
Nous sommes donc parties avec un groupe d'une dizaine de personnes et deux guides. Et bien figurez-vous qu'on en a chié.

Le premier jour a été relativement soft : une balade à dos d'éléphant s(sachez que si un jour vous adoptez un éléphant, ces bêtes-là sont folles de bananes. Véridique !), puis déjeuner copieux, puis début de la marche assez tranquillement dans la jungle, baignade dans une cascade (où l'eau était quand même bien fraîche !), et enfin dernier bout de marche avant d'arriver au village (qui semblait se résumer à trois bungalows sur pilotis).
Après le dîner, tout le monde s'est installé autour du feu pour essayer de se réchauffer (c'est que ça caillait là-haut la nuit !) tandis que les guides, un sacré coup dans le nez, jouaient de la guitare et tentaient de nous apprendre des chansons en thaï. Moment très très drôle. Le lendemain nous ne sommes partis qu'avec un  seul guide, pendant que l'autre décuvait. Il nous a rejoints plus tard dans la journée.

 Chiang Mai

Le 2ème jour a été bien plus rude. D'abord ce qui est ennuyeux dans les groupes de cette taille, c'est qu'on est trop nombreux et que tout le monde n'a pas le même rythme. Donc ceux qui étaient en tête devaient m'attendre tandis que je crachais mes poumons pour avancer plus vite. Camille aussi en a chié des ronds de chapeau, mais moins. Il faisait chaud et humide, et ce jour-là ça montait beaucoup. Certes les paysages étaient magnifiques, mais je ne pouvais m'empêcher de me demander dans quelle galère je m'étais embarquée ! 
Bien. Sachez que c'est dans ce genre de situation qu'on trouve les asthmatiques utiles. Oui parce que quand l'une des minettes du groupe a fait une (petite) crise d'asthme, eh bien ça nous a permis de nous reposer à Camille et moi. On a un peu insisté pour que la miss se repose un peu plus longtemps mais elle s'est remise plus vite qu'on ne l'aurait voulu, l'égoïste !
Enfin, nous sommes arrivés à destination pour la nuit, juste au bord d'une cascade. Froide encore, mais vu que ça faisait aussi office de douche...

Chiang Mai - notre douche

Et là, j'ai passé une nuit particulièrement longue. Des accès de fièvre, les poumons en feu : le top pour se reposer et repartir fraîche et dispose le lendemain. Donc autant vous dire que le 3ème jour a été un enfer pour moi. C'était moins difficile mais j'étais crevée et démotivée. Camille aussi commençait à tomber malade. Le seul truc que j'ai vraiment apprécié dans la journée a été le bambou-rafting (sorte de radeau en bambou, sur une rivière). Mais le soir on s'est toutes les deux écroulées. Une belle crève en bonne et due forme pour la miss, et une bronchite bien comme il faut pour moi. Et surtout de l'épuisement je crois. Pour être aussi malade, et aussi longtemps (une quinzaine de jours), je pense qu'il fallait que nos corps soient au bout du rrouleau, que ce soit la fin des haricots, enfin tout ça.
Résultat des courses, Camille a réussi à se traîner hors de son lit le lendemain et à faire un tour au marché de Chiang Mai d'où elle a ramené tout un tas de belles choses, tandis que j'ai fait un pauvre aller-retour à 500 mètres de l'hôtel pour aller sur Internet (parfois on attend des messages importants !), et finalement me recoucher aussitôt rentrée.

Le lendemain nous commencions notre trajet pour Luang Prabang, au Laos, traînant notre fatigue commune, Camille son nez coulant et moi ma toux de coquelucheuse, mais aussi cette impatience de découvrir ce pays dont tout le monde nous parlait comme d'une destination encore authentique et pleine de poésie. C'était peu de le dire...

samedi 8 mai 2010

Petit tour en Asie du sud-est : le Vietnam


Saïgon (ou Ho Chi Minh ville… mais Saïgon c’est plus court), Saiïon a été la première étape de ce voyage. Idéal pour plonger directement dans le bain vietnamien car tout y est : les odeurs, le bruit, la circulation, le marchandage, tout. Les seuls moments de calme dans toute cette agitation soudaine ont été ceux que nous avons passés dans ma famille, dans le quartier d’An Cu situé à quelques kilomètres du centre ville. Un petit cocon où nous sommes restées deux semaines, avant de nous lancer sérieusement dans notre aventure.

Mais avant d’aller plus loin, il faut que vous compreniez ce qu’est cette ville en plein essor.



Saïgon, c’est d’abord… oui tiens d’ailleurs, par quoi commencer ? C’est d’abord quoi ? Tout arrive en même temps en pleine face de tout nouveau venu !
Des fils de lignes téléphoniques





Il en pend de partout, c’est fou !! Des fils emmêlés, des fils par terre, des boules de fils, des fils-fils à linge, des fils coupés : de partout vous dis-je ! Pour le plus grand bonheur de Camille qui s’est d’ailleurs découvert une passion pour ces fils. Quant à moi, j’ai élaboré une théorie : plus il y a des fils (sous-entendu : plus les nœuds sont gros), plus la ville est « riche » (principe qui s‘applique d‘ailleurs également au tout-à-l’égout). 

Des odeurs
Saïgon, c’est aussi des odeurs… ah ! Les odeurs… tout un poème. Je prends ici l’exemple de Cholon (Le fameux quartier de « L’amant » de Marguerite Duras). Imaginez : après environ 1 heure de trajet dans le bus où vous êtes les seules Occidentale (et la seule noire, mais ça hein, bon), vous arrivez donc dans un des célèbres quartiers de la ville. Reste à trouver le marché, puisque c’est là que vous avez décidé d’aller. Et là : attentat d’odeurs, toutes plus insistantes les unes que les autres. Pour peu que vous passiez devant le stand de poissons séchés vous êtes fichus ! Sauf si, comme nous, vous savez-vous boucher le nez sans le pincer. Non parce que c’est quelque chose quand même ! Je n’irais pas jusqu’à dire que c’est fétide, mais tout de même !



Mais ce n’est rien encore. Le pire est à venir. Car l’ennemi, c’est… le DURIAN !!!!! Si un jour dans votre vie vous rencontrez ce fruit, fuyez-le : il en va de votre survie !! Il dégage une odeur putride qui reste dans la gorge et se colle à vos poils de nez ! L’horreur quoi. Et en plus c’est pas bon. Il pue tellement qu’il est interdit dans les avions, c’est parlant ça quand même, non ? Et puis tenez, je ne l’aime tellement pas ce fruit que je n’en ai aucune photo… bon, vous ferez une petite recherche sur Google Images hein !
La circulation 
Alors là aussi c’est grandiose. C'est simple : t'as l'impression que tu vas clamser à chaque fois que tu traverses la rue !

Oubliez tout ce que vous avez appris, les codes de circulation, feux  verts ou rouges, passages piétons, sens interdits, etc. : ici ça ne sert à rien ! Je dirais même plus : il en va de votre survie. Ce qui est pas mal, c'est que ça fait travailler les réflexes d'anticipation. 
Bon, au début bien sûr vous avez l'air un peu gauche (c'est même à la manière de traverser qu'on reconnaît un expat d'un touriste). Certains athées croient même brièvement en une divinité choisie au hasard de l'imagination lorsque qu'un camion les frôlent. D'autres, comme Camille, répètent inlassablement "Je vais mourir je vais mourir je vais mourir" tout en slalomant entre les bus. Une façon comme une autre de contrer un malheur certain. D'autres comme moi, trop confiants, se font rouler sur le pied (mais bon là ça compte pas : c'était à Hanoï. Ce sont des malades mentaux dans le Nord !). D'ailleurs, sachez qu'en cas d'accident c'est tant pis pour vous : pas le temps de s'arrêter pour regarder  vos bobos. Sauf peut-être si vous laissez quelques bouts de cerveaux sur le tarmac, là ça fait désordre quand même !

Le mieux pour vivre pleinement et intensément cette expérience est de circuler dans Saïgon à moto. (en tant que passager suffit à avoir des émotions fortes lorsqu'on est pas habitué). Un vrai délice. Cardiaques s'abstenir.

Commencez par un stage dans le Sud. Une fois que vous serez prêt, vous pourrez passer à la vitesse supérieure et aller dans le Nord, chez les fous furieux du volant. Mais en bus, pas à moto : l'idée est tout de même de rentrer entier !

Une fois que vous aurez fait le Vietnam, il ne vous restera plus qu'à tenter l'Inde. Il paraît que c'est chouette là-bas aussi côté circulation.


Mui Ne

Le foie gras et le champagne de Noël à peine digérés, nous nous sommes rendues à notre 1ère destination après Saïgon : Mui Ne. Une petite bourgade bien touristique mais non moins mignonne sur la côte. C'est là que nous avons fait notre 1ère balade à moto. Je n'étais pas particulièrement à l'aise (j'ai un peu de mal à faire confiance à mon chauffeur...), et la chaleur nous a très vite fait comprendre pourquoi le rendez-vous était si matinal, mais on a découvert des endroits plutôt chouettes :


Dans le port de pêche, tôt le matin


Le ruisseau des fées

Nous étions censées partir dès le lendemain de cette balade pour gagner Dalat et ses fraîcheurs. Oui, mais c'était sans compter sur le professionnalisme de Sinh Café !

Sinh Café est une compagnie de voyages, qui propose divers tours guidés dans tout le pays, et surtout vous permet de voyager en bus pour pas trop cher, en open tour (ce qui vous permet de choisir votre date de départ la veille pour le lendemain, s'il reste des sièges). Et pour peu que le trajet soit long (comptez en heures et non en kilomètres), vous avez même le luxe d'avoir un siège-lit. Du pur confort ! Et alors le must (qui Ô ! Joie ! n'est pas en option), ce sont les fins raclements de gorges emmorvées, les ronflements et les pets des charmants voisins. Rien de tel pour créer une ambiance chaleureuse.

Or donc, le professionnalisme de Sinh Café.

Camille et moi avons réservé deux sièges pour le trajet de Mui Ne à Dalat par téléphone. Erreur typique du débutant ! On ne réserve pas par téléphone : si on en a la possibilité, on se déplace ! Ca évite les malentendus. Oui parce que du coup, la jeune femme que j'ai eu au bout du fil lors de la réservation n'a pas compris un mot de ce que je lui avais dit, et bien entendu, notre bus n'est jamais venu nous chercher. Or Mui Ne c'est sympa, mais point trop n'en faut.

Camille a donc rappelé, d'abord pour voir ce qu'il s'était passé, ensuite pour pousser une petite gueulante, et surtout pour réserver pour le lendemain. Elle s'est arrêtée à la première étape et m'a passé le combiné, exaspérée. Je n'ai pas été brillante non plus puisque mon interlocutrice et moi n'arrivions pas à nous comprendre. Au final nous sommes allées au bureau, à quelques kilomètres de là.

Moralité :
- réservez sur place autant que faire se peut : pas la peine d'éprouver vos nerfs de touristes au téléphone (ben oui parce que la "zen attitude" n'est pas donnée à tout le monde),
- laissez de côté votre super accent américano-british-aussie avec une pointe de français : ça ne sert à rien. Surtout au téléphone. De visu vous pouvez toujours accompagner vos explications de gestes, mais honnêtement le mieux est de parler avec un accent à couper au couteau. Glissez mêmes quelques fautes de vocabulaire si nécessaire. Exemple : "You did not do your work!" (surtout : bien détacher les syllabes).

Dalat

Dalat en soi n'est pas une ville remarquable. En revanche, ses environs sont magnifiques.

Dès notre descente du bus, Camille et moi nous sommes fait aborder par deux guides, du célèbre Easy Rider, René et Phuc (prononcer Pouk). Armés de leur petits cahiers de références, ils nous ont vanté les merveilles des randos à moto... et après négociations, l'affaire était conclue.

Nous avons donc roulé durant deux jours à travers la campagne vietnamienne, à la découverte de paysages splendides et des Montagnards (minorité ethnique). On a craché nos poumons en grimpant une pauvre petite colline (oui, mais abrupte la colline !), on a visité des plantations de café et une usine de vers à soie, on s'est exclamées à peu près toutes les cinq minutes devant la beauté des paysages, on a mangé des fruits de la passion, on a pris une douche forcée sous une cascade, un gamin  de2-3 ans s'est jeté entre mes jambes, on a mangé avec un point de vue splendide, bref : on a passé un très bon moment.






Coucher de soleil sur les rizières

Quelques regrets peut-être (mais elle n'est jamais satisfaite celle-là !!!) :
- nous qui nous faisions une joie de dormir chez l'habitant, ça a été une expérience décevante : on n'a pas vu la famille !
- nos guides, qui étaient sympas comme tout, on décidé de faire la bringue le soir, après notre première journée de balade. Jusque là, pas de souci. Sauf qu'ils ont chouillé jusqu'à pas d'heure, et que le lendemain les haltes étaient indispensables... pour qu'ils décuvent ! Pas très rassurant quand même de faire de la moto derrière un mec encore saoul !

En revanche ce qui m'a beaucoup amusée, c'est la cour assidue que Phuc a faite à Camille. le pauvre garçon était éperdu d'amour pour cette belle Française ! Il faut dire qu'elle en retourne plus d'un la donzelle.

Une fois rentrées à Dalat, nous nous sommes mises en quête d'un endroit où manger. Le choix de Camille s'est porté sur un petit boui boui, où je soupçonne fortement qu'ils grillaient du chien sur le trottoir. Du coup j'ai eu beaucoup de mal à manger les brochettes de "porc" sans broncher ! Et comme le reste n'était pas terrible, nous ne nous sommes pas éternisées.

Oui parce que c'était pas tout ça, mais il fallait qu'on commence à fêter le Nouvel An nous !

Après nous être fait refouler de deux karaokés (j'avais décidé de commencer l'année 2010 dans un karaoké vietnamien), et être sorties précipitamment d'un troisième établissement, nous avons atterri dans un bar quelconque... vide ! Et puis petit à petit, alors que nous refaisions le monde, d'autres personnes sont arrivées. Et à minuit, tout le monde s'est souhaité la bonne année avec effusion et émotion sur cette merveilleuse chanson que je tenais à partager avec vous (je sais que Camille se la passera en boucle) !


Découvrez la playlist Nouvel An avec The Hit Co.

Au final, on est rentrées au petit matin et avons dormi deux heures dans des lits à effet 360°, avant de prendre le bus pour Nha Trang.

Nha Trang

Nha Trang ne m'a pas particulièrement marquée; C'est sympa, mais trop "station balnéaire", et ce n'est pas ce que nous recherchions. Et puis il faut dire aussi qu'après l'Australie et les différentes destinations où nous sommes déjà allées, Camille et moi sommes un peu pourri-gâtées côté plages... Celle de Nha Trang faisait bien pâle figure à côté de Turquoise Bay dans le Western Australia par exemple !

En revanche, nous nous sommes régalées à visiter nos premiers temples Cham !


Hoi An  

Hoi An est une ville que j'ai découverte lors d'un premier voyage au Vietnam en 2000., et je suis immédiatement tombée amoureuse de ses rizières, de sa quiétude (en dehors des villes telles que Saïgon ou Hanoï), de ses couleurs chaudes. C'est donc avec plaisir que j'y suis retournée, et ai redécouvert cette ville jaune aux rues pleines de lanternes.





Nous avons eu la chance de loger dans une très vieille maison chinoise, dans une des rues étroites de Hoi An. Une maison pleine de caractère et chargée d'histoire(s), aux portes grinçantes et au bois sombre. Une merveille !


L'ancienne maison chinoise où nous avons logé

Nous sommes restées 4 jours je crois. Le temps de se faire faire quelques robes, pantalons, vestes et chaussures sur mesures puisque c'est l'une des activités commerciales principales de la ville. Le principe est de se promener dans les rues et de s'arrêter chez quelques tailleurs, pour voir s'il y a un modèle qui vous plaît. Ou bien tout simplement d'arriver avec votre propre modèle, et là vous n'avez plus qu'à choisir votre tissu. Et à négocier bien sûr ! Si j'avais pu, je me serais fait faire une garde-robe complète... (soupirs).

Le reste du temps (c'est-à-dire quand nous n'étions pas chez le tailleur), nous avons visité d'autres temples Cham à My Son, et avons simplement flâné dans la vieille ville et découvert quelques spécialités culinaires telles que les cau lau ("Les cau lau sont des nouilles spéciales assez épaisses, servies avec du porc, des croutons et des herbes. Les nouilles à Cau Lau ont pour particularité d’être préparées avec l’eau d’un puits spécial (magique ???) qui donnerait un goût particulier au plat"*) ou les white roses (sorte de raviolis en forme de rose). Rien que d'y repenser j'en ai l'eau à la bouche !


* Source : Made in Viêt Nam

Hué

Bon alors je n'avais pas aimé Hué il y a 10 ans, et je n'aime toujours pas.

Le Lonely Planet commence sa description par (traduit) : "Si l'art et l'architecture vous intéressent plus que la plage et la bière, alors Hué est une destination incontournable pour vous." Personnellement, ce ne sont pas tant l'art et l'architecture qui sont importants pour moi, mais ce que j'appellerais "l'âme", le caractère d'une ville. Or, certes le palais de l'Empereur est imposant et intéressant, certes il y a des pagodes que l'on rêve d'avoir chez soi en miniature (de préférence le modèle imitation cristal avec jeux de lumières), mais à part ça...

Cela dit, ça reste tout de même Hué, ancienne capitale et ville impériale.


Le palais de l'Empereur

Hanoï

Hanoï... Hanoï est une ville que je n'ai commencé à apprécier qu'après quelques jours. C'est une ville qui se mérite et se découvre au fur et à mesure que vous vous perdez dans son dédale de rues, dans la Vieille Ville.

L'un des coins que j'ai préféré : Bia Hoi Junction. D'abord pour sa bière (la bia hoi donc, brassée sur place. Elle a un goût particulier un peu surprenant au début, mais finalement plutôt bon), ensuite parce que c'est un endroit idéal pour observer le chaos de la rue. Oui parce que n'oubliez pas qu'à présent nous sommes dans le nord du Vietnam : la circulation est pire que dans le sud ! Au moins dans le sud il y a un semblant d'organisation et de bon sens, quelque part. Pas ici.
Bia Hoi Junction est donc le lieu idéal pour s'exclamer devant l'agilité et le stoïcisme des conducteurs, ou encore admirer les derniers modèles de pyjamas en vogue (oui, parce qu'au Vietnam, nombreuses sont les femmes qui passent le plus clair de leur temps en pyjama).


Bia Hoi

Un peu plus loin, hors de l'enceinte de la Vieille Ville, se trouvent la rue de la Soie ou encore le lac Hoan Kiem et sa pagode. Si vous le longez au petit matin ou en fin de journée, vous aurez certainement l'occasion d'observer les Hanoïens faire leur gymnastique ou leur jogging à foulées petites, mais déterminées !


Le "must", c'est de faire sa gymnastique en costard !

Hanoï a été notre base durant une semaine environ. Le temps de visiter la vile elle-même, et d'aller voir Tam Coc (un peu comme une petite Baie d’Ha Long), mais aussi d'aller à la découverte de Sapa, un peu plus au nord du pays, et de Bai Tu Long, au nord-est.

Sapa

Après une mauvaise nuit passée dans le train, nous sommes arrivées à Lao Cai, à moins de 40 kilomètres de la frontière chinoise. De là, après avoir bataillé un peu pour le prix de la course, nous sommes montées dans un mini bus, destination Sapa.

Eh bien ça caillait sec là-haut ! J'étais bien contente d'avoir ma veste/manteau de Hoi An, et me suis bien empressée de m'acheter un bonnet et des gants ! Camille, elle, était déjà équipée comme il fallait.

Le village avait des allures mystiques, enveloppé d'un brouillard épais. La petite pluie fine ne semblait pas perturber les Hmongs Noirs venus là pour vendre leurs souvenirs.

Après avoir choisi notre petit hôtel (où on nous a regardé comme des bêtes curieuses lorsqu'on a demandé deux couvertures supplémentaires - Eh ! Oh ! Mais c'est qu'il faisait froid !), et booké un trek de deux jours pour le lendemain, nous sommes allées nous poser dans un pub repéré à notre arrivée. Oui, un pub ! Et qu'y avons-nous fait, je vous le donne en mille : nous y avons bu du vin chaud ! Logique. Boire du vin chaud dans pub anglais à Sapa, rien de plus naturel comme Camille me l'a fait remarquer. Oui mais c'était chouette : non seulement c'était cosy et chauffé, mais en plus nous y avons rencontré John 1, le manager, anglais et John 2, un jeune voyageur américain. Les langues se sont déliées au fur et à mesure des verres de vin et des bières, les anecdotes devenant de plus en plus intéressantes et détaillées, les questions plus intimes. Un moment précieux qui nous a collé un sourire sur le visage et des souvenirs de discussions bien sympas !

Petite parenthèse

J'ai toujours été agréablement surprise, tout au long de cette année de voyages, de la facilité avec laquelle on est capable departager des choses relativement personnelles avec des gens que l'on connaît à peine.
 La situation "hors contexte", le fait que l'on soit loin de chez soi et qu'il y ait souvent peu de chances de revoir ses compagnons d'un soir/de quelques jorus fait que l'on perd rarement du temps avec les habitudes sociales, celles-là mêmes qui font que l'on est souvent un peu pudique sur sa vie. A 10 000 kilomètres de chez soi, on ose plus facilement se livrer, rendant la rencontre plus intense et d'autant plus inoubliable. Ca peut faire un peu "monde des bisounours" dit comme ça, mais c'est mon constat... et je trouve ça formidable !

Fermez la parenthèse

Le lendemain matin, nous avons commencé notre petit trek de deux jours.

Le choix du trek a été long, puisque nous voulions combiner paysages, guide local, nuit chez l'habitant et prix bon marché. Au début nous avons été fortement séduites par ce que nous a proposé Julia, qui travaille à Hanoï pour la Compagnie Bourlingue. Cette agence propose des treks éco-friendly, et au vu des dégâts que peut parfois causer le tourisme cette démarche nous a beaucoup tentées. Malheureusement ce type de formule a un coût, et nous avons dû changer d'option. Cela dit ce que nous avons trouvé sur place était très bien !

Or donc, nous voilà parties pour deux jours de rando à travers les rizières en terrasses. Le brouillard est épais, comme la veille, et nous avons peur de ne pas pouvoir profiter du paysage. Erreur : certes ça doit être quelque chose de découvrir les environs de Sapa sous un soleil radieux, mais sous un manteau blanc le décors n'en est que plus magique ! Les photos ne rendent malheureusement pas grand chose, mais les souvenirs sont toujours dans nos mirettes.


Les rizières de Sapa, sous le brouillard

Un petit cortège nous a suivi pendant une bonne partie de la première journée. Au début nous nous demandions pourquoi et trouvions ça plutôt sympa (d'autant que nous avions choisi de faire un trek avec un guide perso, donc nous n'étions que toutes les deux : le pied !). Et puis nous avons très vite compris que ces jeunes filles en costume traditionnels n'étaient pas seulement là pour nous vendre leurs bijoux et autres sacs : c'est que ça glissait sérieusement dans cette gadoue ! Impossible de compter le nombre de fois où nous avons failli tomber (et j'ai dû tomber 2 fois). Mais si Camille et moi galérions avec nos godillots alourdis, nos anges gardiens, elles, gambadaient d'un tas de boue à un autre, le pas assuré ! Du coup nous avons très vite laissé notre dignité de côté, et accepté d'être soutenue pendant une bonne partie du trajet par ces dames... une manière rassurante d'éviter de finir tout en bas des rizières.


Nos anges gardiens

Bref, ça a été une belle journée, durant laquelle nous avons multiplié les grands écarts, découvert les hauts plateaux du Nord-Vietnam, appris quelques mots de vocabulaires Hmong (impossible de me les rappeler, vous pensez bien !), et décidé que la vie était bien chouette pour nous à ce moment-là.

Le soir, nous avons dormi chez l'habitant. Bam, notre guide, est restée avec nous un petit moment, cousant un vêtement traditionnel pendant que nous discutions et lui posions tout un tas de questions.

Cette jeune femme sait à peine lire et écrire, mais elle parle bien mieux anglais que nombre des touristes que j'ai pu rencontrer ! C'est ce qui lui permet de gagner sa vie pendant que son mari, comme beaucoup d'hommes Hmongs Noirs, reste à la maison à s'occuper de la famille.

Le schéma de la famille chez qui nous étions semblait être le même : le père portait l'un des enfants sur son dos tout en commençant à préparer le dîner. Puis la mère de famille est arrivée et a fini de préparer le repas, aidée des parents qui semblaient certainement plus âgés qu'ils ne l'étaient réellement.


Le repas fût gargantuesque : des nems, du tofu, du boeuf sauté avec je-ne-sais-plus-quoi, du poulet, etc. Délicieux !



Sans l'alcool de riz (ce truc est immonde !) que le père voulait absolument partager avec nous, c'eût été parfait !

Après une longue nuit de sommeil, ensevelies sous 3 ou 4 couvertures épaisses, nous sommes reparties à travers les rizières et les montagnes, toujours aussi émerveillées par la beauté environnante.

Nous sommes rentrées à Sapa éreintées (ça fatigue de glisser sans cesse et de grimper/descendre/grimper etc. pendant deux jours !), mais heureuses. Juste le temps de prendre une douche plus ou moins chaude et de refaire un tour au pub anglais, et nous repartions vers la gare de Lao Caï. Une nouvelle nuit dans le train en perspective. Une nouvelle nuit dans le froid. Oui, mais pour aller à Bai Tu Long. Alors quelque part, ce n'était pas bien grave (dis-je avec philosophie, 4 mois plus tard !).

Bai Tu Long

Après une mauvaise nuit dans le train de Sapa à Hanoï, nous avons en avons pris un autre pour nous rendre à Haïphong. Une fois arrivées, la priorité était de trouver un endroit où prendre un petit déjeuner. Oh ! Pas quelque chose d'élaboré : juste des oeufs frits comme on en trouvait partout jusqu'à présent. C'était sans compter sur le fait que dans le nord, ils sont plus "soupe" que "oeufs frits". Et perso, la soupe le matin ne me tentait pas particulièrement... Et puis j'étais d'une humeur de dogue : des semaines que nous étions sur les routes, à dormir régulièrement dans les transports en commun. Moi qui auparavant pouvais dormir n'importe où, il faut croire que ce temps est révolu. Camille arrivait à peu près à se reposer, mais pour ma part j'étais épuisée par les dernières très mauvaises nuits. Mais après un petit déj' (nous avons finalement trouvé quelque chose), ça allait déjà mieux. J'étais prête pour la prochaine étape : trouver un transport pour aller jusqu'à Ha Long.

Nous avons trouvé un bus sans trop de souci. Fières de nous, nous nous sommes dit qu'apparemment ce n'était pas si compliqué d'arriver jusqu'à Cai Rong (prononcer Kaïe Zong), où nous allions passer la nuit ! Oui, sauf que le chauffeur du bus ne nous a pas laissées à Ha Long comme convenu, mais sur le bord de l'autoroute, à quelques kilomètres de là !! Je fulminais. Tout ça pour faire bosser ses copains taxi-motos !

Nous avons donc commencé à marcher, en essayant de comprendre où se trouvait Ha Long (oui parce que forcément les taxi-motos nous répétaient que c'était très très loin, ce qui nous paraissait bizarre). Après avoir passé une ou deux heures à essayer de trouver un bus pour gagner la ville, (avec l'aide  de quelques personnes qui nous donnaient des informations souvent contradictoires, voire tout simplement incompréhensibles) nous avons abandonné et fini par prendre un taxi.

Là, il a fallu attendre environ une heure avant que le bon bus se pointe. Direction Cai Rong donc.

Après quelques heures passées à se balancer contre le voisin, trop près parce que le bus (ou plutôt le mini-bus) était surchargé, nous sommes enfin arrivées à destination. Grâce à un jeune homme qui était tout content de pouvoir parler anglais avec moi, nous avons trouvé un hôtel tout de suite.

Puis là encore, le choix d'un endroit où manger n'a pas été aisé : personne ne parlait anglais, et encore moins français. Le chinois aurait été bien plus utile. C'est l'une des fois où nous avons été très contentes d'avoir un petit guide de vocabulaire. Autant vous dire qu'avec notre prononciation, ce n'était pas gagné ! D'ailleurs la plupart du temps on montrait simplement le mot en même temps qu'on le disait, ça marchait vachement mieux !

Le lendemain, après une longue nuit (nous nous sommes couchées avec les poules ce soir-là), nous avons pris un bateau pour l'île de Quan Lan, dans la baie de Bai Tu Long.

Bai Tu Long... Un dédale d'îles perdues sur une eau émeraude. C'était tout aussi impressionnant que celui de la Baie d'Ha Long que j'ai eu a chance de visiter 10 ans plus tôt, les touristes en moins. C'est la raison pour laquelle nous avons opté pour cet endroit. Nous étions les seules touristes, et bien entendu les seules Occidentales à bord. Au fur et à mesure que nous nous émerveillions devant la beauté des paysages (encore une fois !), nous avons fait un peu connaissance avec quelques uns des autres passagers. Le langage des mains était le seul que nous pouvions utiliser, mais ça suffisait. Les gens étaient ravis de se faire photographier, et nous proposaient de partager avec eux leur alcool de riz (beurk !) ou leur "tabac" avec eux, en échange de quelques cigarettes. Certains se curaient allègrement le nez, histoire de respirer un peu mieux.


Dans la baie de Bai Tu Long


Quelques heures plus tard, nous sommes arrivées à Quan Lan. La descente du bateau a été un peu compliquée : la passerelle était une simple planche fort étroite, et très très très penchée ! Certains ont eu pitié de nous et nous ont aidées à descendre, tout en pouffant de rire. Normal : on offrait un tableau bien ridicule (il faut dire qu'eux ont un sens inné de l'équilibre) ! Dommage qu'on n'ait pas pu se filmer.


Descente peu glorieuse du bateau

Et le lendemain aux aubes radieuses, même chose en sens inverse : retour à Cai Rong, cette fois-ci sur un bateau plus touristique. En guise de petit déjeuner, on nous propose d'abord un thè très amer (ils ont une fâcheuse tendance à laisser infuser bien trop longtemps), puis de l'alcool de riz (re-beurk !).

Le retour à Hanoï a été moins aventureux que l'aller, mais je crois que c'est l'une des fois où nous avons eu le plus peur sur la route : le chauffeur se prenait pour le dieu de la route, et bizarrement les autres aussi. Quelqu'un peut m'expliquer pourquoi, sur une deux voies, les bus roulent à côté des voitures, les vélos et les motos se faufilant comme ils peuvent, tout ça alors que ceux d'en face font exactement la même chose ? Y a pas de place y a pas de place les gars, c'est pas grave, chacun son tour : moi ça ne me dérange pas d'être derrière !

Après avoir cru mourir à peu près quarante fois, nous sommes enfin arrivée à destination. Une autre dure tâche nous attendait : fêter l'anniversaire de Camille. Et oui nous l'avons dignement célébré. Le lendemain a été un peu compliqué, mais la soirée en valait la peine : découvrir un petit peu d'Hanoï après le couvre-feu (aux alentours de minuit) est une expérience intéressante !

Deux jours plus tard, nous prenions l'avions pour Bangkok, pleines de curiosité pour ce nouveau pays.

La suite au prochain post (en préparation) !


Petit tour en Asie du sud-est : Avant-propos

Voici donc, alors que je m’apprête à rentrer en France, le récit du voyage que j’ai fait avec Camille, la fameuse. Du Vietnam au Cambodge, en passant par la Thaïlande et le Laos, les anecdotes sont évidemment nombreuses. Sauf que comme il est impossible de tout relater par écrit sans que cela prenne des allures de romans je ne vous raconterai ici que des petites choses, photos à l’appui (d’ailleurs la plupart du temps en cliquant sur le titre des villes, vous tomberez sur l’album entier via Flickr).

Bon, il arrivera certainement que certains de mes propos ne soient pas illustrés, mais le principe est là. Peut-être que ça vous donnera l’impression de nous avoir accompagnées et d’avoir, vous aussi, comme un peu vécu tout ça !

Alors… bon voyage !