mardi 7 décembre 2010

Laos, un pays cocon

Le Laos est un pays qui se mérite. On n'y arrive pas comme ça : il faut des heures de bateau ou de bus, ou encore oser monter dans leurs coucous qui menacent de piquer du nez à n'importe quel moment. Il faut constammment puiser dans sa patience d'Occidental et accepter de se laisser porter par le mouvement ondulant des robes oranges, celles des bonzes.

Sur le Mékong 

Après Chiang Mai en Thaïlande, Camille et moi avons pris un bus puis un bateau pour rejoindre Luang Prabang au Laos. Une traversée qui a duré 3 jours au total, dont 2 de bateau... Mais que diable peut-on faire sur un raffiot en bois pendant 2 jours vous demandez-vous, à juste titre (on s'est posé la même question) ? Et bien on dort (surtout quand on a l'impression de frôler le hoquet de la mort à chaque quinte de toux), on discute avec le Québeccois qui voyage avec sa petite amie coréenne, et on laisse son regard errer sur le Mékong et dans les montagnes. Et ça, croyez-moi, ça vous occupe !

Le meilleur de la journée arrive quand le soleil s'adoucit et que les Laos descendent au fleuve, qui pour jouer au ballon, qui pour faire la lessive ou encore prendre son bain. Les femmes se cachent pudiquement derrière un drap sombre mais ne nous en gratifient pas moins d'un sourire généreux. Et nous, nous immortalisons tout cela comme nous le pouvons parce que c'est chouette d'être dans une intemporalité... 






Bon, là où c'est moins chouette, c'est quand il faut quitter le bateau le premier soir.

Recontextualisons.

Camille et moi sommes aussi vaillantes que des chacals en fin de vie, nous venons de passer 2 jours en bus et en bateau et nous ne rêvons que d'une chose : dormir dans un lit. Seulement voilà : à notre arrivée à Pakbeng, étape pouur la nuit, nous avons l'impression d'assister à un débarquement de clandestins. Ca crie dans plusieurs langues, les uns en lao ou en thaï pour lancer des ordres, les autres en anglais, en allemand ou en français pour partager son inquiétude ("Chéri, c'est toi qui as pris mon sac ?"). Des enfants hauts comme trois pommes viennent sur le bateau et y récupèrent les bagages qu'ils remontent, courbés, en échange de quelques bahts (on n'a pas eu le temps de changer notre argent depuis la Thaïlande). D'autres aident les touristes aussi empotés que nous à remonter la dune qui sépare le bateau du village, tout éclairé de lampions. Et nous, nous pestons contre cette journée qui n'en finit pas tout en nous réjouissant de notre ridicule !

Luang Prabang 

Le lendemain, nous remontons sur le bateau, après nous être laissé glisser jusqu'au pont. Plus que quelques heures de traversée avant d'arriver jusqu'à notre première étape. La journée s'écoule au même rythme que la veille, animée de prises de photos et d'émerveillement devant les couleurs autour de nous. Lorsqu'enfin, ENFIN ! Nous arrivons à Luang Prabang. Havre de paix, de douceur et d'une agréable moiteur.

Nous en sommes tout de suite tombées amoureuses. Les quelques jours que nous y passons sont placés sous le signe d'une quiétude envoûtante. Les bonzes, drapés d'orange se promènent, gracieusement dans les rues, protégés du soleil par une ombrelle noire. La chaleur, qui ne s'apaise qu'au crépuscule, appelle à la sieste et au farniente. Nous évoluons pendant quelques jours dans cette atmospère cotonneuse où le Lexomil se prend au sourire des gens. Pas de contrainte, pas de visite nécessitant de se lever tôt : nous en profitons pour nous reposer et récupérer, refaire le plein d'énergie. Balades dans la ville, brunchs et sessions films à l'Etranger, apéritifs sans alcool devant le coucher de soleil : le paradis était sur Terre !





Le commissariat de Luang Prabang


 

Quelques jours plus tard, nous nous sommes rendues à Vientiane, capitale du Laos.


Le confort suprême...

Une ville qui a fait le bonheur de Camille avec tous ses fils électriques qui s'y entremmêlent, mais pas le mien : je trouve que c'est une ville absolument moche et sans âme. Heureusement qu'il y a un superbe Arc de Triomphe sur l'avenue principale (qui mène à la demeure présidentielle) : ça rattrappe le tout...

L'Arc de Triomphe de Vientiane, qui paraît-il fût payé grâce à l'argent destiné à la modernisation de  l'aéroport dans les années 70. Tout est une question de priorité.

Si Camille et moi étions déjà devenues proches au cours des mois précédents, nous avons scellé notre amitié à Vientiane, et ce de la manière la moins poétique qui soit : à coup de chiasses alternées! Je vous assure que ça crée des liens de demander régulièrement si les toilettes sont fréquentables ou non, ou d'expliquer pourquoi l'une ou l'autre est soudainement repartie à l'hôtel presque sans mot dire (mais en grimaçant). Ce qui me laisse penser que partir au Laos en couple doit être une véritable épreuve (ou comment descendre l'homme ou la femme de sa vie de son piédestal en quelques tirages de chasse...).

Bien, c'était l'instant poésie.

A Vientiane, nous sommes tombées par hasard sur Amanda (la styliste new-yorkaise) et Claudiu (son homme). C'est assez étonnant, mais quand vous commencez à retrouver des compagnons de voyage comme ça de temps en temps, c'est un peu comme une petite famille. On partage des moments ensemble, on discute des heures, on se demande si on a des chances de se retrouver plus tard sur le trajet et on se réjouit quand c'est le cas. Une vraie petite famille vous dis-je !

*Proposition indécente*

Alors que je me baladais dans les rues de Vientiane et rejoignais Camille à un café, un homme d'un âge certain m'a abordée. Au début, la conversation était des plus communes : "Tu viens d'où ? Ah la France, c'est bien !" Puis les questions se sont faites un peu plus personnelles : "Et tu vas où ? Rejoindre une amie ? Je peux venir ?" "Ben euh... c'est-à-dire qu'attends ben non, pas trop envie là comme ça." "Mais si, je vais venir avec toi. Et tu as déjà fait l'amour avec un Laotien ? Moi 'jai jamais fait l'amour avec une noire. Ca te dirait ?" "... Non." "Allez, s'il-te-plaît !" "Chuis mariée." "C'est pas grave, il est pas là et je suis pas jaloux !" Bref, au bout de quelques minutes, j'ai réussi à me dépétrer de cette situation pour le moins coquace et ai pu rejoindre Camille. Certes il est flatteur de se faire draguer, mais tout est dans l'art et la manière, non ?
 

Après quelques jours passés à Vientiane, le temps de faire connaissance avec les puces qui partageaient nos lits, nous avons pris un bus direction Don Khon, tout au sud du pays. Et quel bus ! Le confort absolu. Nous avions une couchette tout en haut, calée dans le nez du bus. Il s'agissait soi-disant d'un deux places. Ben on n'a jamais vu la deuxième place. Si l'une d'entre nous voulait se mettre sur le dos, l'autre était condamnée à embrasser la vitre ou à manquer de tomber, selon le côté. Autant vous dire que nous avons passé une folle nuit.
Au petit matin, le bus nous a déposées à Paksé, point de départ pour rejoindre Don Khon, l'une des 4 000 îles de la région. 
Il a fallu batailler un petit moment et s'armer d'une grande patience pour trouver un moyen de gagner la rivière, afin de prendre une barque et d'aller jusqu'à notre destination finale. Au bout de quelques heures, nous y étions. Après être descendues de notre embarcation de fortune (si je me souviens bien, il fallait régulièrement vider le bateau de l'eau qui s'infiltrait), et une fois ma savate récupérée dans la vase (oui parce que je gère mal la combinaison sac-à-dos/descente de bateau), il ne nous restait plus qu'à remonter un petit chemin pour gagner la route principale. Ou plutôt le chemin principal. Deux ou trois hôtels plus loins, nous avions trouvé notre gîte pour les prochains jours. Un bungalow avec ventilateur, moustiquaire et cafards : c'était parfait.


Je me souviens que l'après-midi a été consacrée à une sieste appliquée, et la soirée à discuter avec un Québecois de passage qui filait un coup de main aux gérants. Mais je me souviens surtout d'une promenade en savates deux-doigts sur des cailloux (je vous assure que c'est très désagréable !), d'un trajet à moto à travers une forêt, sur du sable et des cailloux (les mêmes) pour aller voir des chutes splendifiques, et surtout, surtout : d'une balade en barque avec le Laos derrière nous, le Cambodge devant, au soleil couchant, à la rencontre des dauphins Irrawady. Ce sont des dauphins d'eau douce qu'on peut entrapercevoir parfois, plutôt au lever du jour ou au crépuscule. La lumière orangée et la quiétude du lieu donnaient un côté magique à ce moment où, pendant que les propriétaires de la barque vidaient l'eau qui s'infiltrait (je crois que c'était décidément du dernier chic de posséder une barque pleine de trous) nous scrutions l'horizon à la recherche d'une surbrillance sur l'eau, d'un mouvement peut-être. 





 Si vous regardez bien, vous voyez un dos d'Irrawady !

 


On est rentrées à notre cahute avec de nouvelles pépites dans les yeux, prêtes à repartir, pour le Cambodge cette fois-ci.

2 commentaires:

Sylvain a dit…

Bonjour Anne,

Tu avais mis un lien vers notre site www.voyageautourdumonde.fr dans ta rubrique "Les autres blogs"

Je voulais te prévenir que notre site a changé de nom. Il s’appelle maintenant www.tourdumondiste.com

Pour l'instant, on a pu faire une redirection, mais seulement pour une durée limitée.

Du coup, si tu pouvais modifier le lien sur ton site, ce serait super sympa :-)

Merci d'avance,

Sylvain

Sylvain a dit…

Hello, c'est Sylvain de tourdumondiste.com, anciennement voyageautourdumonde.fr, je t'ai laissé un message il y a environ deux semaines. Je voulais juste savoir si vous l'aviez bien vu. A bientôt